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La motivation

 

Face au désintérêt manifeste de beaucoup d'élèves, voire à leur refus de l'institution scolaire, la tentation peut être pour les enseignants de se résigner, mais ils peuvent aussi chercher les meilleurs moyens de ressusciter l'intérêt pour ce qui s'apprend à l'école : c'est le travail sur la motivation. L'ensemble des facteurs qui entraînent l'activité cognitive d'un sujet est la motivation. En effet par-delà l'intérêt pour ou le désir de quelque chose, la motivation suppose une attitude orientée vers l'objet à atteindre. La mise en activité du sujet est alors une démarche personnelle où la volonté à sa part et qui relève de la logique naturelle du développement de l'individu. La motivation cognitive répond à l'intérêt pour la nouveauté, mais en même temps celle-ci doit être modérée afin de ne as être trop déstabilisante. Si un élève est motivé, il pourra alors faire l'effort de se décentrer et de supporter une instabilité. Les élèves ont besoin d'être sécurisé au niveau des apprentissages. Si l'élève se sent personnellement concerné, si les activités proposées ont un sens pour lui, s'il a le sentiment que son travail résulte d'une décision qu'il a prise d'accomplir, et par conséquent relève d'un exercice de sa liberté, alors il sera disposé à apprendre, surtout si l'enseignant présente les difficultés ressenties comme surmontables. Il faudra donc construire des situations où l'élève puisse exercer son initiative, ait des décisions à prendre sur ce qu'il va apprendre, sur la manière de l'apprendre, bref qu'il puisse faire un projet personnel d'apprentissage. L'enseignant devra aider l'élève à se doter des moyens nécessaires pour réussir, à le guider dans les apprentissages utiles çà la réalisation du projet. La motivation est aussi liée au niveau de vigilance, en ce sens où elle met en place l'ouverture des sens. On est alors plus réceptif et vigilant (au même niveau que lorsque l'on est stressé). Il existe plusieurs types de motivations :

 

  • L'intrinsèque : La motivation intrinsèque signifie que l’on pratique une activité pour le plaisir et la satisfaction que l’on en retire. Une personne est intrinsèquement motivée lorsqu’elle effectue des activités volontairement et par intérêt pour l’activité elle-même sans attendre de récompense ni chercher à éviter un quelconque sentiment de culpabilité.


Les facteurs déterminants de la motivation intrinsèque.


  • La curiosité apparaît expérimentalement comme un besoin naturel. La curiosité est un déterminant de la motivation qui ne subit pas de baisse ni d’usure avec la satisfaction. Elle constitue toujours un mouvement psychique d’exploitation, visant à savoir.


  • L’autodétermination est le besoin de tout sujet de se percevoir comme la cause principale de son comportement, de pouvoir choisir ses comportements. Tout ce qui est ressenti comme pression, contrainte, contrôle, réduit l’autodétermination et fait baisser la motivation intrinsèque. Les situations de compétition, de temps imposé, de surveillance diminuent la motivation intrinsèque. A l’inverse, les situations dans lesquelles les sujets ont la possibilité de choisir les taches et/ou leurs conditions d’exécution, et dont ils connaissent les objectifs à long terme, conditionne la motivation intrinsèque.


  • Le sentiment de compétence est issu du traitement des informations qui font connaître les effets de nos actions. Une action qui réussit, de bons résultats mais aussi des informations régulatrices augmentent le sentiment de compétence. L’autodétermination et le sentiment de compétence jouent un rôle central dans la motivation intrinsèque.


  • La conscience des buts organise l’activité du sujet dans quatre dimensions : L’attribution de l’attention à la tache, la mobilisation de l’effort, l’accroissement de la persévérance.


  • La définition des stratégies de travail.

 

 

 

  • L'extrinsèque : La motivation extrinsèque se définit comme suit : le sujet agit dans l’intention d’obtenir une conséquence qui se trouve en dehors de l’activité même ; par exemple, recevoir une récompense, éviter de se sentir coupable, gagner l’approbation sont des motivations extrinsèques .

 

Les facteurs déterminants de la motivation extrinsèque.


 

Dans le monde scolaire, les exemples de ce type de motivation ne manquent pas : travailler pour obtenir de bonnes notes ou pour éviter les mauvaises, ou encore pour faire plaisir à ses parents, voir à son ou ses professeurs. Moi même j’ai vu, lors de mon stage, ce genre de motivation avec le système de bon point. Mais, j’ai pu noter que cela ne fonctionner pas avec tous les élèves, en effet certains s’y désintéressent carrément. On peut donc dire que contrairement à la motivation intrinsèque, la motivation extrinsèque est gérable et dépend de l’enseignant. Face aux élèves « faibles et démotivés », il peut :

 

- Leur exprimer sa confiance en leur capacité de réussir.

- Éviter de créer des situations compétitives dans lesquelles ils peuvent que perdre.

- Éviter de les réprimander devant leurs camarades.

- Éviter de leur exprimer de la pitié devant un échec.

- Leur donner autant d’attention qu’aux élèves forts.

- Démontrer de l’enthousiasme à leur enseigner et de l’intérêt à leur réussite.


Nous pouvons donc dire qu’un premier facteur de motivation c’est l’attitude de l’enseignant envers ses élèves. Souvent nous voyons aussi que la motivation extrinsèque est vécue comme une contrainte alors que la motivation intrinsèque est totalement autodéterminée. Des résultats vont même plus loin puisqu’ils montrent qu’une activité jugée au préalable intéressante par des élèves, c'est-à-dire qu’ils pratiquent uniquement pour le plaisir, perd de son intérêt si elle est pratiquée sous la contrainte. Citons à titre d’exemples la récompense, les limites temporelles ou encore la recherche de valorisation. L’autodétermination est donc une clef de motivation qui va de l’absence de motivation à la motivation intrinsèque en passant par la motivation extrinsèque qui présente elle une certaine graduation. En effet, par exemple celui qui travaille en cours que sous la menace d’une sanction immédiate est faiblement autodéterminé, alors qu’un élève qui travaille car il sait que ses aspirations futures dépendent de ses résultats scolaires sera fortement autodéterminé. Il faut cependant distinguer, dans le cadre scolaire, l’autodétermination de l’autonomie, dans la mesure ou le deuxième concept n’implique par forcément le premier. En effet, si nous définissons l’autonomie comme la capacité pour l’élève d’effectuer une activité sans l’intervention d’un encadrement quelconque, il reste que cette activité peut être effectuée sous la menace ou en vue d’en soutirer une récompense. Autre facteur de motivation extrinsèque : le choix des activités et la façon dont celles-ci sont conduit. En effet, je citerais comme exemple ce que j’ai vu en stage, ou le simple fait de changer de livret de lecture motivé les élèves. Nous pouvons aussi citer la motivation liée à l’outil informatique et aux TIC qui sont d’actualité. Les élèves se retrouvent donc avec un outil dont tout le monde parle donc intéressant à leurs yeux et plus attractif qu’un simple manuel scolaire : ce qui a donc pour effet de les motiver.

 

La motivation intrinsèque s'annule si on la transforme en motivation extrinsèque. Il ne faut pas noter un travail issu d'une motivation intrinsèque. Le principe du renforcement qu'il soit positif ou négatif peut dériver vers le conditionnement si une impulsion, intérieure au sujet, ne prend pas le relais. La notation peut avoir un sens s'il y a progression : il peut y avoir un intérêt à la notation négative dans le sens où cela peut éviter la résignation : mieux vaut passer de -10 à 0 plutôt que de se maintenir à 0). Si l'on montre à l'enfant qu'il progresse, cela lui montre son évolution et sa confiance en nous et en lui s'en ressentira. Attention à l'effet Crespi, si on donne récompense élevée et que par la suite elle baisse significativement, les performances et les motivations chuteront aussi. Il faut donc aussi veiller à ne pas sur-noter ou sur-évaluer (l'inverse est aussi valable). Pour motiver il faut expliquer les réels progrès. L'idéal serait de créer une situation motivante extrinsèquement et qui serait en lien (mais suffisamment éloigné) avec l'intrinsèque. L'intérêt porté par l'élève dans la motivation extrinsèque est importante. Il y est sensible, et comme on peut le savoir l'indifférence n'a jamais engendrée de progrès. Quoiqu'il arrive il ne faut pas ignorer un élève : l'indifférence est pire que la critique, et on place alors l'élève dans la résignation. Quand l'enfant est dans un rôle d'acteur en situation, il est actif et voit le lien par conséquent le niveau d'abstraction est moins haut, et l'élève est motivé et mémorise mieux.

 

Ci-dessous on peut voir la corrélation entre estime de soi ou non et motivation ainsi que lien entre l a  contrainte ou le contrôle de la tâche et la motivati on. En effet il y aura une absence de motivation si la contrainte est extérieure et que l'on a une faible estime de soi. On ne fait pas alors le lien entre l'action et le résultat que l'on obtient. Si on se sent très mauvais on ne voit pas l'intérêt de faire la tâche, car au final le résultat sera le même

.schéma motivation

Il faut aussi faire attention à l'écart au but : plus la distance entre la situation de départ et le but à atteindre est important et moins l'élève est motivé. Il faudra alors baliser le chemin de l'apprentissage, afin que l'approche soit claire et donner les étapes nécessaires, les sous-buts en utilisant un vocabulaire et des concepts que les élèves maîtrisent. pour arriver au but. Il faut segmenter la tâche. Si besoin on pourra alors augmenter l'écart au but au fur et à mesure des réussites. Pour réussir cela, il faut toujours se situer dans la Z.P.D de l'enfant, si on reste en dessous, on l'empêche de se développer. (C'est le plus dur à évaluer). Quand la tâche est trop difficile, on incite les élèves à décrocher même après un effort. Leur motivation n'est pas suffisante par rapport à la difficulté de la tâche. Pour être motivé, il faut être capable de se remettre en cause en cas d'échec. Tout dépend de l'attribution causale : « qui est à l'origine de mon échec » ? C'est la question de la responsabilité en relation avec l'estime de soi.


  • Interne ou externe = soi ou les autres

  • Globale ou spécifique = en tout ou dans certains cas

  • Stable ou instable = longue ou brève durée (en lien avec l'histoire et le vécu de l'élève).

 

Si l'attribution causale est inter, stable et globale, cela va être plus que difficile pour motiver l'élève. Mettons en lumière quelques autres facteurs clés de motivation :

 

  • La pratique quotidienne de la pédagogie de l’erreur et de l’évaluation formative, ou l’erreur est une bonne occasion d’apprendre, et non pas de juger, ni sanctionner, permet d’installer progressivement dans la classe un climat d’apprentissage favorable.


  • Grâce à l’attitude d’écoute, de confiance et de respect envers les élèves, particulièrement marquée lors de discussions, ceux-ci se sentent reconnus, considérés et valorisés.


  • Le comportement de guide et d’aide opposé à celui d’expert améliore petit à petit, aux yeux des élèves l’image traditionnelle du professeur.


  • Et enfin, l’adaptabilité du professeur qui n’est ni rivé au programme, ni à des objectifs préétablis et immuables mais en revanche toujours prêt à aider les élèves face à leurs difficultés, transforme positivement la représentation que l’élève se fait du milieu scolaire. La motivation extrinsèque est un besoin de renforcement qui dépend de plusieurs facteurs. Cependant, plusieurs recherches disent que les récompenses ou tout autre formes de motivation extrinsèque « tuent » la motivation intrinsèque. Il ne faut pas pour autant arrêter de donner des récompenses, mais simplement faire attention de ne pas diminuer la motivation intrinsèque en donnant des bonbons à quelqu’un qui n’en a pas besoin pour accomplir ce qu’il aurait accompli sans aucune autre forme de récompense.

En conclusion, la motivation à l’école n’est pas quelque chose de figée, mais bien une sorte de graduation qui va de l’amotivation à la motivation intrinsèque en passant par la motivation extrinsèque. La motivation intrinsèque étant le point le plus haut de la graduation, il faut veiller à ce que l’école ne l’étouffe pas.

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